Les délégués et experts des sept pays membres de la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE) ont signé jeudi à Kinshasa l’accord portant statut de la force régionale de cette communauté, censée mettre fin à la présence de groupes armés dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), a rapporté l’agence congolaise de presse (ACP), dont l’information est parvenue samedi à Bruxelles. La signature de cet accord est intervenue jeudi à Kinshasa, au cours de l’audience que le président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a accordée à ces délégués de la CAE, réunis dans la capitale congolaise.
Cet accord doit permettre le déploiement de cette force régionale dans l’est de la RDC « pour y restaurer la stabilité, la paix et la sécurité », selon l’ACP (officielle).
Le vice-Premier ministre et ministre congolais des Affaires étrangères, Christophe Lutundula Apala, a déclaré à la presse que « le déploiement de cette force se fera en exécution de la volonté politique exprimée par tous les chefs d’État de la communauté afin de régler définitivement la question de la stabilité, de la sécurité et de la paix dans la région des Grands Lacs ». Il n’a pas précisé si le Rwanda participerait à cette force.
Les dirigeants d’Afrique de l’Est s’étaient accordés début juin, lors d’un sommet à Nairobi, sur la mise en place de cette force régionale dans l’est de la RDC, où plus d’une centaine de groupes armés – locaux et étrangers – sont actifs depuis près de trente ans. En parallèle, ils ont également lancé un premier cycle de pourparlers avec certains chefs de groupes armés congolais, qui a débuté en avril à Nairobi sous médiation kényane.
La CAE avait chargé les armées kényane et ougandaise de se déployer aux côtés des militaires congolais dans le Nord-Kivu et l’Ituri, l’armée sud-soudanaise dans le Haut-Uélé et les Burundais dans le Sud-Kivu. La RDC, accusant le Rwanda de soutenir activement une rébellion, le M23 (Mouvement du 23 Mars) au Nord-Kivu, a refusé que Kigali participe à cette force.
Le 15 août, un contingent burundais a été le premier à entrer en RDC sous les auspices de la CAE.
Il n’existe cependant pas encore de calendrier précis pour le déploiement complet de la force.
Le médecin congolais Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018, a manifesté son hostilité au projet de cette force régionale. Ce déploiement de troupes burundaises « démontre l’échec de la diplomatie », c’est « une humiliation de plus pour notre Nation », avait indiqué le célèbre gynécologue sur Twitter.
« Mettons fin à l’externalisation de la sécurité par des États déstabilisateurs et œuvrons à la réforme de notre armée pour la rendre professionnelle et opérationnelle », avait-il plutôt suggéré.