En s’appuyant sur les archives historiques des deux derniers millénaires et sur un ensemble de données paléoclimatiques comme les cernes d’arbres ou les stalagmites, des chercheurs ont trouvé qu’avec la poursuite du réchauffement, les méga-sécheresses risquent de devenir permanentes dans certaines régions du globe. Les résultats ont été publiés dans la revue Nature Reviews Earth & Environment ce 4 octobre.
L’étude des variations climatiques survenues au cours des deux mille dernières années révèle l’apparition épisodique de méga-sécheresses, et ce sur tous les continents à l’exception de l’Antarctique. La distribution de ces évènements est cependant loin d’être homogène puisque des domaines géographiques comme l’ouest de l’Amérique du Nord sont bien plus exposés que d’autres.
La cause de ces déficits hydriques prolongés, et dont les conséquences socio-écologiques ne sont plus à démontrer, est à rechercher en premier lieu du côté de l’océan. En effet, les fluctuations décennales des températures de surface de la mer dans des zones clés comme le Pacifique équatorial ou l’océan Indien ont joué un rôle déterminant dans l’assèchement de certaines régions continentales pendant plusieurs décennies, voire plusieurs siècles.
Vers des méga-sécheresses permanentes dans les régions historiquement exposées
Or, selon les résultats obtenus par les chercheurs, les méga-sécheresses risquent de devenir permanentes dans les régions sujettes à cet aléa par le passé. Et pour cause, avec le changement climatique, les températures et l’évaporation augmentent, le manteau neigeux se retire de façon plus précoce et les pluies diminuent et/ou surviennent plus brutalement. Ces facteurs impliquent une aridification chronique des sols dans toutes les régions historiquement exposées.
méga-sécheresses
Localisation des méga-sécheresses survenues au cours des 2000 dernières années. Les dates des différents épisodes sont indiquées, certains étant actuellement en cours. Crédits : Benjamin I. Cook & coll. 2022.
« Les méga-sécheresses futures seront nettement plus chaudes que les événements passés, entraînant des augmentations du risque et de la gravité des méga-sécheresses dans de nombreuses régions, en particulier l’ouest de l’Amérique du Nord, l’Amérique centrale, l’Europe et la Méditerranée, les moyennes latitudes de l’Amérique du Sud et l’Australie », rapporte l’étude dans son résumé. Elle indique par ailleurs que « le changement climatique anthropique a [déjà] intensifié les méga-sécheresses actuelles dans le sud-ouest de l’Amérique du Nord et à travers le Chili et l’Argentine ».
Projections futures dans le cadre d’un réchauffement modéré. Les zones en rouge sont particulièrement exposées au risque de méga-sécheresses. Crédits : Benjamin I. Cook & coll. 2022.
Il va sans dire qu’une dérive vers des conditions de ce type mettrait à mal les systèmes actuels de gestion de l’eau et s’associerait à une augmentation du risque incendiaire. Toutefois, les auteurs soulignent également les limites actuelles de notre compréhension quant à la dynamique de ces évènements et, par conséquent, du jeu d’impacts et de conséquences associés. En somme, la poursuite des recherches et le développement, dès à présent, de plans d’adaptation et de gestion de l’eau en situation de stress chronique constituent des nécessités de premier plan.