En République Démocratique du Congo, le gouvernement par le biais du secrétaire général a.i du ministère de l’Éducation Nationale et Nouvelle Citoyenneté, a instruit aux responsables des établissements scolaires sur l’ensemble du territoire national, de ne plus désormais exclure les élèves enceintes, mais plutôt de les maintenir jusqu’à la fin de leur cursus.
Face à cette décision qui a suscité un tollé dans l’opinion publique, Clareine N’lambi Nzeza, spécialiste en éducation et militante pour l’inclusion scolaire en RDC, estime que cette décision doit s’étudier sous deux aspects. D’un côté pour garder l’équilibre avec les droits des filles et de l’autre côté sauvegarder les valeurs de la réalité culturelle congolaise.
« En RDC, notre culture valorise la chasteté jusqu’au mariage. Une fille enceinte en uniforme choque, bouscule les repères. Certains enseignants ou parents craignent que cela déstabilise les autres élèves. Il est donc essentiel de parler à cœur ouvert : comment protéger ces jeunes filles sans heurter les normes sociales profondément ancrées dans notre culture ? Plutôt que de juger, il faut comprendre, une grossesse ne signifie pas la fin de l’avenir. Ces filles ont encore des rêves, des talents, des ambitions. Certaines sont tombées enceintes par ignorance, d’autres par pression, voire par violence. Et souvent, elles restent seules à porter la conséquence. Il est donc juste de dire que les hommes responsables doivent être poursuivis. On ne peut pas laisser toute la charge à la fille, souvent mineure, parfois victime. Ces hommes sont parfois leurs enseignants, d’autres fois des camarades. À chacun, une réponse adaptée : justice, sanctions, éducation. Protéger les filles, c’est aussi tenir les hommes responsables », a-t-elle dit.
À la lumière de ce qui précède, cette spécialiste en éducation et militante pour l’inclusion scolaire en RDC, soutient la thèse selon laquelle certaines décisions méritent d’être discutées entre les acteurs de la société, notamment la famille et l’école pour faciliter son intégration dans la communauté.

« Par ailleurs, la culture n’est pas figée, et défendre le droit à l’éducation ne signifie pas renier nos valeurs. Il est donc possible de trouver un juste équilibre. Certaines propositions méritent d’être discutées avec les familles et les écoles : permettre à la jeune fille de suspendre temporairement sa scolarité pendant la grossesse, puis de revenir après l’accouchement, par exemple. Ainsi, elle garde le lien avec l’école tout en respectant les sensibilités locales. Mais cette pause ne doit pas être une sanction, il faut l’accompagner : accueil bienveillant, soutien psychologique, encadrement scolaire. Dans l’idéal, l’école devrait prévoir des aménagements simples, comme un coin de repos ou des horaires souples. Enfin, cette politique ne peut réussir sans l’appui des communautés. Les parents, les chefs religieux, les associations doivent être écoutés, formés, impliqués. Il faut déconstruire les préjugés, sans imposer, mais en dialoguant », a soutenu Madame Clareine N’lambi Nzeza.
Alors que l’annonce de cette décision défraie la chronique, certaines langues appellent le ministère de l’éducation nationale et nouvelle citoyenneté à revoir la mesure, qui pour certains favoriserait l’immoralité dans le milieu scolaire en République Démocratique du Congo. Reste à savoir si le ministère de tutelle va appliquer ou non cette mesure, seul l’avenir nous en dira plus.
Bienvenu LEMA