Le Pape François poursuit sa visite apostolique à Kinshasa, capitale de la RDC. Avec un programme encore chargé, le Saint Père a rencontré, dans la matinée du jeudi 02 février, les jeunes et les catéchistes dans l’enceinte du Stade des martyrs de la Pentecôte.
Chants, danses, banderoles, drapelets en main, badges sur le cou avec effigie du Pape, les jeunes n’ont pas voulu manquer à ce rendez-vous. Avec plus de 65.000 personnes, toutes les places étaient quasiment occupées, à l’exception des zones 6,7,8 et 12 car elles étaient derrières le podium papal et ne devraient accueillir personne.
Avec un accueil digne d’une « rock star », le Saint Père a salué la foule dès son entrée et lui accordé sa bénédiction.
Lors de sa prédication, le Souverain Pontife a invité les jeunes Congolais à être « acteurs » de l’avenir de leur pays, en prenant garde au tribalisme et en s’opposant à la corruption. « Prenez garde à la tentation de désigner quelqu’un du doigt, d’exclure l’autre parce qu’il est d’une origine différente de la vôtre ; au régionalisme, au tribalisme qui semblent vous renforcer dans votre groupe, mais qui sont au contraire la négation de la communauté. Vous savez comment cela se passe : d’abord, on croit des préjugés sur les autres, puis l’on justifie la haine, puis la violence, et finalement, on se retrouve en guerre », a-t-il dit.
Pour être clair et compris dans son message, le Saint Père a centré son exhortation sur 5 points qui font référence aux 5 doigts de la main.
Commençant par le pouce, le Pape a invité les jeunes à la prière vivante. « Ne vous tournez pas vers Jésus comme s’il était un être lointain, mais plutôt, l’ami le plus grand qui a donné sa vie pour toi » a-t-il évoqué en ajoutant « la prière est l’eau de l’âme ; on ne la voit pas mais elle donne la vie. »
Il a demandé à l’assistance de prendre le crucifix et de regarder Jésus. Jésus, a-t-il dit, a fait de la croix la base vers la résurrection. Il faut lui confier ses amis, son professeur, son quartier, son pays…
L’index, pour lui, reflète la communauté. « Ne vous laissez pas fascinez pas de faux paradis égoïstes, l’argent facile ou une religiosité déformée » a-t-il enseigné. Il a demandé aux jeunes d’offrir à l’autre le sourire et l’amitié ; de prendre soin de son prochain et de savoir vivre en communauté car de nos jours, dit-il, il est triste de voir les jeunes restés pendant des heures devant le téléphone. La vie ne touche pas avec un doigt sur l’écran » a-t-il dit en poursuivant « sens toi protéger et sécuriser par l’autre ; mais également, responsable de l’autre ». Sentez vous une seule église, un seul peuple, a-t-il insisté.
Quant au majeure, ce doigt reflète l’honnêteté. Cela signifie ne pas se laisser prendre aux pièges de la corruption. Le chrétien ne peut qu’être honnête, sinon il trahit son identité. Sans honnêteté, nous ne sommes pas disciples ni témoins de Jésus nous sommes des païens, des idolâtres qui adorent leur propre moi au lieu de Dieu, qui se servent des autres au lieu de servir les autres. Il les a conviés à ne pas se laisser tenter par le cancer de la corruption qui gangrène la société. « Si quelqu’un te tend une enveloppe, te promet des faveurs et des richesses, ne tombe pas dans le piège », a-t-il prévenu.
Face à cette allocution, les jeunes ont clamé : « Fatshi, Oyebela, mandat esili » ce qui signifie : « Fatshi, prend conscience, ton mandat est à sa fin ».
« L’annuaire est le plus fragile mais montre l’amour qui est dans la fragilité, l’effort et la difficulté. Dans nos fragilités, nos crises, quelle est la force qui nous fait avancer ? C’est le pardon », a-t-il évoqué.
Il recommande d’avoir la notion du pardon car pour lui, pardonner, c’est savoir récompenser. Pour créer un monde nouveau, nous devons recevoir et donner le pardon. C’est ce que fait le chrétien : il n’aime pas seulement ceux qui l’aiment, mais il sait arrêter la spirale des vengeances personnelles et tribales par le pardon » a-t-il expliqué. Ainsi a-t-il invité l’assistance à observer un temps de silence avant d’inviter chacun dans l’assistance à penser aux personnes qui les ont offensés et à leur accorder le pardon.
Enfin, le petit doigt qu’est l’auriculaire renvoie à la petitesse (l’humilité). La petitesse, a-t-il relevé, attire Dieu. « Celui qui sert se fait petit ». Pour conclure, il a exhorté les jeunes à ne jamais se décourager. « Lorsque vous êtes découragés, regardez le Seigneur », les a-t-il conviés.