Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo a connu ce lundi 29 juillet 2024 des perturbations dans son réseau de transport urbain, perturbations qui se sont poursuivies assez timidement le mardi 30 juillet 2024. Il a été constaté, particulièrement dans l’avant – midi de lundi pas assez des mouvements de masse habituels de la population kinoise par l’absence de bus des particuliers et de Transco gérés par le pouvoir public.
L’on a constaté à l’Est de la capitale des longues marches à pieds de quelques personnes et des manifestants scandant des slogans hostiles au pouvoir en place. Quelques passants ont témoigné qu’il n’y avait aucun bus en circulation à la suite de la grève enclenchée par les chauffeurs suite à ce qu’ils ont qualifié de tracasseries de la Police et des Agents d’autres services de transport qui soit procédaient au contrôle des papiers, soit vérifiaient les prix des trajets et les contraignaient à les baisser s’ils n’étaient pas réalistes et conformes à ceux de l’Hôtel de Ville de Kinshasa.
Il faut remarquer que le malaise est assez profond dans ce domaine dans la capitale Kinshasa, une ville d’une superficie de 9.965 km2 plus grande que Bruxelles n’ayant que 161,4 km2 de superficie où les déplacements de la population doivent se faire nécessairement par des moyens de transport.
Le coût de la vie étant déjà élevé par rapport au maigre revenu de la majorité de la population (74,6% des congolais sont pauvres et vivent avec un revenu estimé à 2,15 dollars américains par jour en 2023), il devient assez compliqué lorsqu’on est obligé de débourser chaque jour des frais de transport qui fluctuent à la hausse au gré des conducteurs de bus communément appelés 207 qui couvrent une large part de besoins de la population. A ce sujet, on a reçu des témoignages choquants des trajets empruntés par ces bus pour lesquels un usager impuissant payait jusqu’à 5000 francs congolais. Quel calvaire !
Il faut donc trouver des solutions durables à cette situation. Mais pour bien s’y prendre, analysons en les causes. Quelques personnes consultées pensent que cette situation est due : (i) au désintéressement de la question et au manque de suivi rigoureux des prix de l’Hôtel de Ville par le précédent Gouverneur de la Ville de Kinshasa laissant ainsi libre cours aux conducteurs de 207, (ii) à la hausse vertigineuse du prix de carburant à la pompe entre 2019 et 2024 où le prix de l’essence a augmenté de 1.995 à 3.440 francs congolais et celui du gasoil de 1.985 à 3.335 francs congolais (soit une hausse d’environ 60% en 5 ans), (iii) à la baisse de la fréquence des bus Transco suite à leur diminution au motif notamment de la grève des travailleurs réclamant le payement de deux mois des salaires et suspendue le même 29 juillet 2024 après négociation avec l’employeur, (iv) au mauvais état des routes de Kinshasa abandonnés à leur propre sort et à la base notamment de petites courses surfacturées communément appelées demi – terrain, (v) aux promesses non encore réalisées de lancement des sociétés de transport interurbain (fluvial, ferroviaire) tel que le projet METROKIN qui tardent à se matérialiser, (vi) aux embouteillages monstres et à l’insalubrité qui ne permettent pas aux conducteurs de capitaliser leur temps de travail et se voyant obligés de surfacturer les trajets afin de réunir le versement journalier.
Quelles solutions face à ce tableau sombre ?
D’aucuns pensent que l’Hôtel de Ville doit jouer véritablement son rôle de régulation des prix des trajets des bus et des taxis et en assure le suivi permanent pour dissuader les opérateurs de ces moyens de transport ;
Qu’il doit les inviter à la table de négociations afin de cerner les vraies causes de la situation et trouver des réponses appropriées, tout en envisageant des pistes de solutions durables ; Que le Gouvernement qui avait lancé le projet zéro trou à Kinshasa, visiblement un échec s’attaque urgemment à un vrai chantier d’aménagement des routes afin de rendre la circulation des véhicules fluide ;
Que le Commissaire Provincial de la Police réorganise les services de la PCR afin de contribuer à la solution au problème de transport à Kinshasa ; Que l’Hôtel de Ville exécute dans l’urgence le projet d’assainissement de Kinshasa dans le même but ; Et que la société Transco injecte dans la circulation plus de bus et desserve des coins non encore desservis tel que la ligne « Cité verte/Centre – Ville » afin de faciliter le déplacement de la population.
Rappelons que Kinshasa est la capitale de la République Démocratique du Congo qui doit être le miroir de ce pays et refléter sa bonne image à travers notamment une meilleure couverture du réseau de transport urbain de cette Ville.
C. MAYELE